Comme tous les adhérents Intermarché, elle exerce aussi une responsabilité au sein de l’enseigne, via la formule du tiers temps, qui voit chaque chef d’entreprise indépendant consacrer une part de son temps à la prise de décision en centrale. Le rôle qu’elle y tient, c’est celui de superviser le pôle de recrutement et formation des nouveaux candidats entrepreneurs qui deviendront ses pairs. Ils ont été très nombreux ces dernières années à rejoindre un réseau qui a manifestement en Wallonie le vent en poupe : Intermarché a doublé sa part de marché, l’enseigne aligne 7 années successives de croissance, et la plupart des magasins repris à Mestdagh ont connu de très spectaculaires progressions. Ce qui nous livre une entrée en matière rêvée, au moment de démarrer l’interview.
Valérie Vierendeels, Intermarché a pris une toute autre dimension, en quelques années. Les candidats entrepreneurs doivent être bien plus nombreux à vous rendre visite ?
Commercialement, notre réussite ne passe pas inaperçue, c’est vrai. Mais notre manière de fonctionner reste aujourd’hui peu connue, et forme peut-être encore parfois un frein. Elle est fondamentalement différente de celle que pratiquent les enseignes concurrentes, où l’indépendant signe un contrat de franchise avec la tête de réseau, et n’a pas voix au chapître quand il s’agit de définir la stratégie, mais aussi toutes les décisions qui ont un impact sur son activité et sa rentabilité. Le modèle que nous pratiquons nous donne à tous ce pouvoir. Ce qui ne veut bien entendu pas dire qu’il n’y a pas de temps en temps des difficultés, comme partout, des points de discussion. Mais au moins, vous restez maître de votre destin, dans un débat commun avec vos pairs.
Vous êtes en quelque sorte les plus indépendants des indépendants ?
Le mot “franchisé” ne s’applique pas vraiment à nous, ou alors nous sommes à la fois franchisé et franchiseur. Je suis franchisée de mon groupement, mais mon groupement, c'est aussi moi. Le groupement a été créé par des adhérents qui se sont regroupés pour être plus forts et pour partir de la réalité de ce qu’ils vivent sur le terrain, au contact de leurs clients, et non pas pour appliquer des décisions imposées d'en haut. Croyez-moi, ça fait un monde de différence ! Si vous regardez le marché français, vous verrez d'ailleurs que ce sont les trois enseignes basées sur ce modèle coopératif – E. Leclerc, Intermarché et Coopérative U – qui progressent le plus en parts de marché, et depuis des années. Ce n'est pas un hasard. Or, ce modèle-là, où les indépendants exercent le pouvoir, n’est pas assez connu en Belgique. Et c’est bien pour y remédier que nous communiquons plus vers les potentiels entrepreneurs. Nous sommes sponsor du salon de la franchise, nous organisons des rencontres “afterwork” qui permettent aux personnes intéressées de nous rencontrer et de découvrir notre fonctionnement en toute transparence, et véritablement “en toute franchise.” La prochaine rencontre se déroulera le 23 septembre 2025 à 18H30 à Louvain-la-Neuve. J’invite bien entendu celles et ceux qui nourrissent le projet de devenir exploitant indépendant d’un supermarché à s’y inscrire.
A quoi doivent-ils s’attendre ?
A un dialogue direct, avec des gens qui leur ressemblent, et qui ont franchi le pas. Ils connaissent donc parfaitement les questions ou les doutes qui assaillent ceux qui nourrissent un tel projet. Et ils tout disposés à y répondre de façon directe et spontanée. Les adhérents Intermarché ont une expérience à partager, mais sortis de leurs magasins, ils n’ont rien à vendre : contrairement aux grands groupes de distribution classiques, ils n'ont aucun cours en bourse à surveiller. Mais nous avons bien entendu tout intérêt à ce que les nouveaux chefs d’entreprises indépendants qui nous rejoignent le fassent en connaissance de cause, et partagent nos valeurs. Qu'ils se sentent bien chez nous, et qu'ils réussissent. Quel est notre fonctionnement ? Comment intègre-t-on le groupement ? Quel est ce parcours de formation de 6 mois, alliant théorie et pratique, qui se charge de vous préparer parfaitement à voler de vos propres ailes? C’est pour ceux qui ont la vocation de l'entrepreneuriat l’occasion de bien comprendre ce qui fait l’originalité de notre proposition.
Et que leur proposez-vous, justement ?
De façon générale, un mode de gouvernance qui laisse le pouvoir aux indépendants, et permet aussi un partage permanent des meilleures pratiques et des conseils. Il y a une vraie solidarité dans ce réseau où nous nous connaissons d’autant mieux que nous nous croisons et échangeons lors de notre tiers temps en centrale chaque semaine. Mais puisque vous m’invitez à être concrète, il y a encore régulièrement aujourd’hui des opportunités directes de reprise de magasins. Soit que l’adhérent qui les exploite arrive en fin de carrière, soit qu’il s’agisse d’un magasin exploité temporairement par l’enseigne. Si vous êtes un véritable entrepreneur, vous ne cherchez que ça : le projet concret où vous allez pouvoir donner toute votre mesure et à partir de là, grandir.
C’est le trajet que vous avez vous-même suivi...
C’est exact. Avec mon époux, nous avons commencé en achetant le magasin de Spy, un 800 mètres carrés de vente. Nous savions déjà qu'à terme, nous voudrions nous exprimer sur un 2.000 mètres carrés. Mais ce magasin nous permettait de faire nos preuves avec un apport personnel raisonnable. Ce projet a réussi, et quand la reprise du parc Mestdagh est intervenue, nous avons saisi l'occasion de vendre Spy pour acquérir le magasin de Jodoigne. C'est un des avantages de ce réseau, où les acquisitions et cessions peuvent se faire plus facilement. On ne peut toutefois vendre qu'à d'autres adhérents, et ceux qui ne le sont pas encore doivent passer par le parcours de recrutement et de formation. La Commission qui statue juge surtout la capacité du candidat à exercer ce rôle, et elle veille à ce qu'il partage les valeurs qui sont les nôtres. Ce qu'on recrute surtout, c'est un savoir-être. Le savoir-faire, on s'en occupe sans problème ensuite, avec notre parcours de formation très complet.
